EP 3 | Swim Legal : replacer l’avocat collaborateur au centre de la production
8 août 2025

8 août 2025
L’histoire de Swim Legal commence par une observation frappante du marché juridique français. Lorsque Jullian Hoareau, avocat au barreau de Paris et co-fondateur du cabinet Ferwell Tax, fait face au congé maternité de son ancienne associée, il découvre une réalité déconcertante : l’absence totale de solutions de remplacement flexibles pour les avocats.
Article réalisé par l’agence bl-nk.fr, spécialisée dans le marketing juridique. Création de site internet et stratégies digitales pour les professionnels du droit.
Face à un pic d’activité ou une baisse temporaire d’effectifs, la seule option pour les cabinets reste invariablement la même : travailler davantage. Cette approche perpétue une culture où les semaines de 60 heures constituent la norme pour être considéré comme un véritable professionnel du droit.
Cette problématique révèle un paradoxe profond de la profession. Avec 57% de femmes et une moyenne d’âge de 39,6 ans, le congé maternité représente une réalité récurrente dans les cabinets d’avocats. Pourtant, après cinquante ans d’évolution professionnelle, ce sujet demeure tabou et sans solution structurée.
Les annonces de CDD ou de remplacement pour congé maternité brillent par leur absence sur les plateformes spécialisées. La charge de travail se reporte inexorablement sur les associés ou les équipes en place, créant des situations parfois extrêmes.
Jullian Hoareau souligne une disparité troublante : contrairement aux médecins qui disposent de systèmes de remplacement établis depuis des décennies, le marché juridique n’a jamais développé de structure adaptée à la flexibilité. Cette lacune conduit à des situations critiques – une consœur ayant perdu les eaux en plein tribunal, faute de remplaçant disponible.
Des centaines, des milliers d’avocats restent disponibles pour travailler, mais sans système pour les connecter aux besoins des cabinets.
La pression économique pousse de nombreuses avocates enceintes à continuer leur activité pour préserver leur clientèle et leur cabinet. Certaines se retrouvent dans des situations de fraude sociale involontaire, percevant des indemnités de congé maternité insuffisantes tout en maintenant une activité professionnelle.
La pandémie de COVID-19 a constitué un véritable 🚀 game changer pour la profession. Elle a démontré que le travail à distance était non seulement viable, mais pouvait même s’avérer prospère pour les cabinets.
Les outils de communication modernes, les systèmes Cloud, les salles de visioconférence et l’acceptation généralisée de la signature électronique ont rendu le rêve de l’avocat freelance travaillant depuis n’importe où parfaitement réalisable.
Cependant, une contradiction persiste. Les avocats, bien qu’étant les premiers freelances de l’histoire par leur statut libéral, n’exercent pas véritablement comme tels. Le statut de collaborateur les place dans une situation de pseudo-salariat, générant frustration et désillusion face à l’absence de véritable indépendance.
Cette frustration s’intensifie devant l’impossibilité de développer pleinement leur clientèle personnelle ou de gérer librement leur temps de travail. Le modèle traditionnel montre ses limites face aux aspirations d’une nouvelle génération d’avocats.
L’ambition de Jullian dépassait largement le simple remplacement de congé maternité. Sa vision embrassait la possibilité pour les avocats de travailler à distance et en tant que véritables freelances.
Très tôt dans sa carrière, il s’est perçu comme un développeur, cherchant à transformer le droit en un produit structuré et accessible. Cette approche novatrice l’a conduit à créer des packages et des sources d’optimisation, allant jusqu’à démarcher activement des clients potentiels.
La déontologie de la profession d’avocat impose cependant des contraintes marketing uniques, souvent en décalage avec les pratiques commerciales contemporaines. La sollicitation personnalisée, bien qu’autorisée, exige une présentation frontale incluant la mention de la qualité d’avocat, l’objet précis de la démarche et le prix exact des services.
Ces exigences créent un handicap certain pour les avocats, car les méthodes modernes d’acquisition client proscrivent de vendre directement lors du premier contact. L’objectif devrait être d’ouvrir une conversation, de comprendre le besoin du client avant de proposer une solution adaptée.
La déontologie est une force de proposition de valeur et un élément de réassurance pour les clients. Il faut la mettre vraiment en avant plutôt que de la cacher ou de l’esquiver.
Jullian reconnaît que certains cabinets s’affranchissent de ces règles, créant une forme de concurrence déloyale. Pourtant, il défend la déontologie comme garantie de transparence, de responsabilité civile professionnelle et de possibilité de sanction en cas de manquement.
La profession fait face à l’émergence de 🎯 braconniers du droit. Ces entreprises commerciales ou juristes freelances, souvent non avocats, proposent de l’information juridique ou des services à bas coût.
Ces acteurs, bien qu’officiellement limités à l’information et non au conseil, génèrent du lead et grignotent progressivement le territoire traditionnel des avocats.
Jullian estime que la valeur ajoutée de l’avocat ne réside plus dans la paperasse ou les actes basiques, mais dans la rédaction de clauses stratégiques et le conseil sur des enjeux complexes. Il regrette le manque de communication nationale de l’ordre pour valoriser le rôle préventif de l’avocat, contrastant avec les campagnes efficaces des notaires et des experts-comptables.
L’innovation dans la profession juridique se heurte à une structure trop hétéroclite et disloquée. Les 164 barreaux français peuvent potentiellement adopter 164 positions différentes sur un même business model, créant une insécurité juridique paralysante pour les entrepreneurs du secteur.
Les mandats de bâtonniers, limités à deux ans, sont extrêmement courts à l’échelle de l’innovation. Cette rotation rapide empêche le développement de stratégies à long terme et la mise en place de projets d’envergure nationale.
Le soutien financier des barreaux aux initiatives legaltech reste notoirement insuffisant. Les incubateurs existants – Paris, Lyon et Marseille figurent parmi les plus actifs – manquent cruellement de moyens concrets :
La culture du secret professionnel, pilier essentiel de la profession, peut paradoxalement nuire à l’innovation en limitant le partage d’idées et les collaborations. Or, comme le soulignent Jullian et Pierre : l’idée on s’en moque, seule l’exécution compte.
L’activité annexe d’une entreprise reste soumise à des règles déontologiques complexes, notamment concernant la proportion du chiffre d’affaires, qui sont décorrélées de toute réalité du développement entrepreneurial. Le temps d’investissement requis pour une startup est full time, conduisant souvent à une situation bâtarde où ni le cabinet ni l’entreprise ne prospèrent véritablement.
Swim Legal se positionne comme un 🌊 quatrième mode d’exercice de la profession d’avocat, proposant une alternative inédite aux statuts traditionnels de collaborateur ou d’associé.
Le modèle, salué par l’incubateur du Barreau de Paris comme utile et bénéfique pour la profession, vise à restaurer une forme d’indépendance authentique.
La plateforme orchestre la rencontre entre des swimmers (cabinets ayant besoin de renfort) et des swimy (avocats freelance). Les profils des swimy révèlent une diversité remarquable :
Les jeunes collaborateurs (0-3 ans d’expérience) : Ils y trouvent des compléments de revenu et une expérience pratique enrichissante.
Les seniors (30-35 ans d’expérience) : Fatigués de la gestion client, ils préfèrent se concentrer sur la production technique de dossiers complexes.
Les avocats en transition (environ 8 ans d’expérience) : Ils cherchent des missions temporaires pour assurer leur revenu tout en construisant leur projet professionnel.
La garantie de compétence sur Swim repose sur plusieurs piliers structurants :
Swim refuse délibérément le système de notation publique par étoiles. Cette transparence mesurée évite les jugements réducteurs, reconnaissant que la qualité reste subjective et difficile à évaluer sur le long terme.
Le modèle économique de Swim repose sur un système d’abonnement pour les cabinets, non sur une commission prélevée sur les missions. Ce choix philosophique vise à ne pas prendre d’argent sur les confrères de manière disproportionnée.
Les abonnements varient selon l’utilisation et le type de service :
Pour répondre aux défis financiers des cabinets, souvent gérés en trésorerie avec peu de financement externe, Jullian envisage des solutions innovantes :
💰 Système de paiement en 48 heures pour les freelances
📊 Paiement échelonné pour les cabinets
🚀 Financement par royalties : contrat non dilutif de cession de revenus futurs
La vision de Jullian pour Swim Legal s’inscrit dans une tendance globale profonde. L’Organisation Internationale du Travail prévoit que deux tiers de la population active adoptera un statut indépendant. Cette ubérisation du travail touche désormais toutes les professions, y compris les plus traditionnelles.
Si Swim ne répond pas à ce besoin, un autre le fera. La transformation est inéluctable.
Le principal défi reste d’évangéliser le marché. Les avocats, contrairement aux notaires par exemple, n’ont pas l’habitude de travailler ponctuellement avec des confrères qu’ils ne connaissent pas personnellement. Le poisson d’avril de Jullian sur le statut d’indépendant des collaborateurs, qui a généré un buzz considérable, a révélé une vérité profonde : la profession n’a pas besoin de nouvelles lois, mais de franchir le cap culturel.
La flexibilité offerte par des solutions comme Swim devient un atout majeur en termes de marque employeur. Un cabinet flexible garantit :
Le marché révèle une fracture générationnelle intéressante. Une génération intermédiaire d’avocats, entre 40 et 55 ans, reste attachée aux pratiques traditionnelles. Les plus jeunes embrassent le freelance avec enthousiasme, tandis que les plus anciens, paradoxalement, se montrent ouverts à l’innovation.
Swim s’inscrit dans une réflexion plus large sur le 💻 cabinet digital. Jullian interroge la nécessité de la domiciliation physique, qui représente un coût important pour une valeur ajoutée souvent limitée.
Il imagine une adresse digitale pour l’avocat, accompagnée d’un coffre-fort sécurisé géré par le barreau. Cette infrastructure permettrait de stocker les informations confidentielles tout en garantissant une pratique 100% en ligne, respectant scrupuleusement le secret professionnel et les garanties procédurales.
Cette évolution permettrait des économies substantielles tout en modernisant l’image de la profession. Le cabinet digital n’est plus une utopie, mais une réalité en construction.
L’échange avec Jullian Hoareau illumine les défis et opportunités du marché juridique contemporain. Il démontre surtout la nécessité impérieuse pour la profession d’embrasser l’innovation et la flexibilité, non comme des menaces, mais comme des vecteurs de renouveau.
Le modèle de Swim Legal, pensé par un avocat pour les avocats, transcende la simple plateforme de mise en relation. C’est une vision ambitieuse pour une profession plus agile, plus équilibrée, plus en phase avec les modes d’exercice contemporains.
Cette transformation ne signifie pas l’abandon des valeurs fondamentales de la profession – déontologie, secret professionnel, excellence technique – mais leur réinterprétation dans un contexte moderne.
Cette exhortation n’est pas un appel à l’aventure irréfléchie, mais une invitation à repenser sa pratique professionnelle. Dans un monde où la flexibilité devient la norme, où les frontières entre salariat et indépendance s’estompent, où la technologie redéfinit les modes de collaboration, la profession juridique ne peut rester figée dans des structures héritées d’un autre siècle.
Swim Legal représente peut-être l’avant-garde d’une transformation plus profonde. Une transformation où l’avocat retrouve sa liberté originelle tout en bénéficiant des outils et du support nécessaires à une pratique moderne et épanouie. Une transformation où la profession juridique, loin de subir les évolutions sociétales, les anticipe et les façonne.
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